Avant d’être incarnée par la comédienne Élodie Menant dans la pièce « Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ? », Arletty a foulé les planches du Théâtre Michel durant sa carrière, et ce à trois reprises !

Des trois pièces, celle qui connut le plus de succès est Bob et Moi, d’André Barde en avril 1924, une fantaisie musicale en trois actes.

Résumé de la pièce :

Robert Bouvel de Pontheau, artiste peintre, se fiance à Simone Gouzien, la fille d’un riche industriel. Il doit alors quitter sa maîtresse, Thérèse Berny de la Comédie Française. Pour se venger, elle prédit à son amant qu’il sera cocu. Afin d’échapper à ses ennuis, Robert aspire quelques bouffées d’opium et se met à rêver. Il rajeunit soudain de trente ans, retrouve ses yeux d’enfant, du temps où on l’appelait Bob. Il ne perd son esprit et son expérience pour autant, et connaît le futur de toutes les personnes qu’il rencontre. Le petit blondinet raconte ses expériences aux habitués d’une guinguette pittoresque des bords de la Seine.
Programme du Théâtre Michel.

Un vaudeville très amusant, où le personnage développe une autre vision de la vie. Ce n’est pas un rêve du temps futur, mais celui du temps passé. Les comédiens jouent chacun deux rôles. L’interprétation d’Arletty est vivement saluée par la critique, considérée comme très comique :

« Mlle Arletty est un modèle délicieux et une duchesse irrésistible. »

(Maxime Girard dans Le Figaro du 8 avril 1924).

Mlle Arletty a fait une Totoche et surtout une duchesse très hilarante et personnelle. »

(Jane Catulle-Mendès dans La Presse du 8 avril 1924)
Arletty, dans son rôle de duchesse dans Bob et Moi.

Arletty revient au Théâtre Michel en mai 1925 pour la comédie en trois actes de René Peter Polo, puis en octobre de la même année pour Mon gosse de père de Léopold Marchand.

Son dernier rôle, clin d’oeil au Théâtre Michel

Le dernier rôle de la carrière théâtrale d’Arletty est dans Les Monstres Sacrés de Jean Cocteau, au Théâtre des Ambassadeurs en 1966, pièce initialement créée et jouée au Théâtre Michel en 1940. Elle y reprend le rôle principal d’Esther, remplaçant ainsi Yvonne de Bray pour qui Cocteau avait écrit le rôle à l’époque.

Cette pièce en trois actes respecte le schéma classique de la pièce de boulevard : un couple et une maîtresse, entre mensonges et tromperies, où finalement tout est bien qui finit bien. Lorsqu’Arletty reprend le rôle, elle est saluée : « Mlle Arletty est de la race des artistes qui tiennent parole en dépit de tout. Elle est là, comme seule elle sait l’être, tout entière, tout de go. En une seconde le regard, le visage et le corps intacts ressuscitent les célèbres malices parigotes » dans Le Monde du 16 septembre 1966.

Else Delaisse, Théâtre Michel