Arletty, née Léonie Bathiat, est une figure emblématique du cinéma français du XXème siècle.

Les Enfants du paradis, Hôtel du Nord, Fric Frac, Le jour se lève… Le personnage d’Arletty sommeille et résonne en nous, comme le souvenir d’une époque passée et ayant participé à certains des plus grands chef-d’œuvre.

Elle aura côtoyé Paul Poiret (l’un des couturiers les plus audacieux de l’époque), Coco Chanel, Sacha Guitry (avec qui elle collaborera pendant de nombreuses années autant à la scène qu’à l’écran), les comédiens tels que Yvonne Printemps, Jean Gabin, Michel Simon et bien d’autres grandes figures françaises et garde aujourd’hui l’image de la femme libérée, indépendante et extrêmement talentueuse.

À partir du 12 mars, se jouera au Théâtre Michel « Est-ce que j’ai une gueule d’Arletty ?« . Un spectacle aux 2 Molières mettant en scène 4 comédiens qui donnent vie à 35 personnages tous plus drôles et attachants les uns que les autres, au travers de l’histoire vraie, fascinante et inspirante de Léonie Bathiat.

En attendant, et à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, voici 5 anecdotes sur Arletty que vous ne connaissez peut être pas encore :

1/ Fille d’ouvrier avant d’être « fille de Paname »

Arletty, dans le film « Hôtel du Nord »

Si elle représente la femme élégante parisienne, Arletty vient pourtant d’un milieu populaire, ouvrier. Une partie d’elle qu’elle n’a jamais reniée. Elle est née à Courbevoie, rue de Paris,  » dans un rez-de-chaussée sombre éclairé par le sourire de mes parents  » d’un père ajusteur tourneur pour les tramways de Paris, et d’une mère lingère.

Il faut la prendre comme elle est. Quand elle triomphe, elle est modeste : quand elle chute, l’orgueil la sauve. Elle ne se déguise pas, ne joue pas à la fille du peuple, et ne fait point toute une histoire d’être née dans la pauvreté. (…) Elle est totalement dénuée d’artifices. Elle est nue.

Pierre MARCABRU 

Petite, on la destine au métier de secrétariat… L’une des rares issues « honorables » à ses yeux pour une femme qui doit travailler. Mais ses rencontres et ses connaissances lui permettent d’entrer dans le monde mondain des années 20. Elle rencontre notamment un directeur de théâtre lui trouve un pseudonyme qu’elle ne quittera plus : Arletty (avec un Y, pour sonner « Anglish »)

2/ Arletty, muse des plus grands

Paul Poiret ou encore Azzedine Alaïa, Arletty aura été la muse des plus grands artistes de son temps. Repérée pour son allure grande et fine, mais aussi pour son visage d’ange, nombreux sont celles et ceux qu’elle a inspirés. 

Arletty, par Moise Kisling.

Elle aura aussi posé pour des peintres tels que Mois Kisling et Kees van Dongen.

3/ Elle a fait le choix de ne jamais se marier !

Très jeune, elle tombe aussi très amoureuse d’un jeune homme qu’elle appelle ‘Ciel’ à cause de la couleur de ses yeux. Mais son amour de jeunesse ne reviendra jamais de la guerre 14-18. Arletty se promet alors de ne jamais se marier, se refusant de devenir une veuve de guerre, ou d’enfanter un futur soldat.

Toute sa vie, nombreux sont ceux qui voulaient pourtant lui passer la bague aux doigts, mais cette femme convoitée tenait à sa liberté. Elle aura d’ailleurs eu beaucoup d’aventures et aura aimé des femmes, telle que Colette, l’écrivaine française. Et quand on lui demandait de parler de ses amantes, elle répondait « Je ne peux rien dire, je suis une gentleman ».

Une vraie femme moderne.

Colette

4/ Elle tombe folle amoureuse d’un officier allemand

À la fin des années 30, Paris est occupée. Et même sous la botte allemande, certains continuent à chanter, à danser, à s’amuser. Arletty décide de rester à Paris, et joue dans plusieurs films.

Alors qu’elle choisit de rester à Paris et de s’accommoder d’une époque difficile, elle rencontre un certain Hans Jürgen Soehring, un officier allemand dont elle tombe très amoureuse. Pendant l’occupation, Arletty côtoie les nazis et tous les collabos.

Arletty et de Hans Jürgen Soehring, en 1942.

Après la guerre, Arletty n’est pas tondue mais sera pointée du doigt pour son histoire d’amour avec son officier allemand. Soehring lui propose de fuir avec lui après la guerre mais elle refuse.

Internée quelques semaines , elle sera ensuite assignée à résidence. Lors de son procès, elle dira même

« Mon cœur est français mais mon cul est international ! »

Avec humour, Arletty affirmait qu’elle était la femme la plus invitée de Paris… Avant de devenir la femme la plus évitée de Paris.

5/ Elle finit sa vie quasiment aveugle.

Dans les années 60, elle est contrainte d’arrêter sa carrière d’actrice à la suite d’une crise de glaucome. En effet, elle devient quasiment aveugle, un drame pour cette femme si éprise de liberté et d’indépendance.

Bravant l’adversité, Arletty vit avec son handicap pendant près de trois décennies, jusqu’à sa mort en 1992 à l’âge de 94 ans.